lundi 2 avril 2012

Artiste en herbe




Une femme ? Un corps de femme ? Négatif de photo ? Peinture ? Me laisser aller à la rêverie... Paupières closes, l'image d'une de mes héroïnes de bd, ma création. Une fée moderne. Une « Ultimate ». LA fée ultime.

Je me sens plonger dans mon monde imaginaire.

« Trop tard pour en sortir indemne » me souffle une petite voix intérieure dans un rire sardonique. Je sombre, entraînée par un tourbillon de pensées chaotiques. Sans doute trop influencée par les mangas, les comics, et l'univers fantastique de mes romans. Je me sens vaciller. Je me braque. Mon corps tout entier se contracte. Je me retrouve dans un autre univers en une fraction de seconde. Une silhouette diaphane, se rapproche. Je voudrais ne plus penser, ne plus imaginer. « Vaine tentative » « Tais-toi petite voix !».

Les paupières closes, je me concentre sur l'apparition qui me hante. Elle m'envahit. Féminité ultime, dans sa combinaison jaune ultra-moulante. Silhouette à l'ossature massive, aux muscles fins et saillants, auréolée d'un flux d'énergie violet. Je me sens artiste face à elle : l'Ultimate. Sans visage. Aucune expression. Juste la violence qui émane de son corps et pénètre le mien.

Je perçois distinctement les pulsations de son cœur. Sa poitrine se soulève et s'abaisse suivant un rythme régulier. Son calme apparent ne fait pas illusion. Je vois nettement son sang bouillant, serpenter sous sa peau ambrée. Ses veines en feu, gonflées parcellisent ses membres et son cou de stries pourpres. Les résidus d'âmes qui lui restent sont consumés par une rage sourde, étouffée dans les abîmes de son être, mais dont l'écho me parvient. Limpide. Mélodieux à m'en faire perdre la raison. Je suis déjà à moitié folle d'oser lever les yeux sur une créature dont l'apparence ne laisse présager que l'imminence du danger.

J'ai beau chercher à fuir, je suis face à l'Ultimate. Bien qu'elle n'ait rien de démoniaque, j'ai peur. J'affronte dans une lutte mentale un corps vide de conscience. Une enveloppe charnelle qui se fait réservoir de puissance et de haine.

Mes mains tremblent. Je frissonne. Je tiens mon crayon, emparée d'une frénésie indescriptible. Dans un état second, je la dessine. Pendant qu'elle est là. L'Ultimate tend une main vers moi. Son énergie me terrasse, je suffoque.

Alors je quitte ce monde. Je reprends possession de mon corps. Plutôt satisfaite de mon croquis. Petite voix me susurre « bien joué cocotte, au péril de ta vie , tu m'épates» ! Je fixe mon œuvre, un sourire au coin des lèvres. Je sens une main se poser sur mon épaule.

  • Maman ! Comment tu trouves mon dessin ?
  • Tu t'es bien amusée. Maintenant va faire la vaisselle.

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