Une
femme ? Un corps de femme ? Négatif de photo ? Peinture ? Me laisser
aller à la rêverie... Paupières closes, l'image d'une de mes
héroïnes de bd, ma création. Une fée moderne. Une « Ultimate ».
LA fée ultime.
Je
me sens plonger dans mon monde imaginaire.
« Trop
tard pour en sortir indemne » me souffle une petite voix
intérieure dans un rire sardonique. Je sombre, entraînée par un
tourbillon de pensées chaotiques. Sans doute trop influencée par
les mangas, les comics, et l'univers fantastique de mes romans. Je me
sens vaciller. Je me braque. Mon corps tout entier se contracte. Je
me retrouve dans un autre univers en une fraction de seconde. Une
silhouette diaphane, se rapproche. Je voudrais ne plus penser, ne
plus imaginer. « Vaine tentative » « Tais-toi
petite voix !».
Les
paupières closes, je me concentre sur l'apparition qui me hante.
Elle m'envahit. Féminité ultime, dans sa combinaison jaune
ultra-moulante. Silhouette à l'ossature massive, aux muscles fins et
saillants, auréolée d'un flux d'énergie violet. Je me sens artiste
face à elle : l'Ultimate. Sans visage. Aucune expression. Juste la
violence qui émane de son corps et pénètre le mien.
Je
perçois distinctement les pulsations de son cœur. Sa poitrine se
soulève et s'abaisse suivant un rythme régulier. Son calme apparent
ne fait pas illusion. Je vois nettement son sang bouillant, serpenter
sous sa peau ambrée. Ses veines en feu, gonflées parcellisent ses
membres et son cou de stries pourpres. Les résidus d'âmes qui lui
restent sont consumés par une rage sourde, étouffée dans les
abîmes de son être, mais dont l'écho me parvient. Limpide.
Mélodieux à m'en faire perdre la raison. Je suis déjà à moitié
folle d'oser lever les yeux sur une créature dont l'apparence ne
laisse présager que l'imminence du danger.
J'ai
beau chercher à fuir, je suis face à l'Ultimate. Bien qu'elle n'ait
rien de démoniaque, j'ai peur. J'affronte dans une lutte mentale un
corps vide de conscience. Une enveloppe charnelle qui se fait
réservoir de puissance et de haine.
Mes
mains tremblent. Je frissonne. Je tiens mon crayon, emparée d'une
frénésie indescriptible. Dans un état second, je la dessine.
Pendant qu'elle est là. L'Ultimate tend une main vers moi. Son
énergie me terrasse, je suffoque.
Alors
je quitte ce monde. Je reprends possession de mon corps. Plutôt
satisfaite de mon croquis. Petite voix me susurre « bien joué
cocotte, au péril de ta vie , tu m'épates» ! Je fixe mon
œuvre, un sourire au coin des lèvres. Je sens une main se poser sur
mon épaule.
- Maman ! Comment tu trouves mon dessin ?
- Tu t'es bien amusée. Maintenant va faire la vaisselle.
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