Je ne sais pas pourquoi.
Je ne sais pas comment. Mais je me retrouve dans cet aéroport. Sans
doute parce que je n'ai rien à faire à ce moment précis et que
j'ai envie de tuer le temps, pour ne pas me tuer. En me prenant pour
une actrice américaine, j'entre, je m'appuie sur le comptoir d'un
air glamour, et j'achète un billet.
J'ai regardé l'affichage
des départs, et je me suis dit, bon bin...l'île Maurice alors ! A
ce qu'il paraît, il y a un bon rapport qualité/prix...Pourquoi ne
pas tenter ? Je lance un texto à ma cousine, un texto à ma
meilleure amie, et un texto à ma mère.
Ne jamais oublier la
règle des trois. Dés qu'il se passe quelque chose, une aventure en
ville, une anecdote au boulot, bien, pas bien, il faut le dire à
trois personnes. Ça ne pèse pas longtemps sur le cœur, ça permet
a ) de faire partager l'émotion, et b) de passer rapidement à autre
chose.
Du tac au tac je reçois
de ma cousine : « Quoi ? Maintenant ! Mais t'es folle ! Je me
marie dans 2 semaines et t'es mon témoin ! ». De ma meilleure
amie « ça te ressemble ! Oublie pas de m'envoyer une carte
postale, et pitié...m'achète pas de chocolat. », de ma mère
: « qui va étendre la machine de linge et donner à manger au
chat? ». Je souris, éteins mon téléphone, et le glisse dans
ma poche. J'ai trois heures devant moi, avant mon fameux vol.
La nuit tombe. Les mains
croisées sur mon ventre, je fixe les feux de la piste
d'atterrissage. Puis, illumination, je me lève, et me dirige vers le
duty free. Je n'ai rien emmené, mis à part un sac à main. Celui-ci
comporte le minimum vital, papiers importants, carte de crédit,
carte vitale (très important), et...le
fameux...l'incontournable...l'inoubliable : le labello sunshine,
spécial hydratation des lèvres et protection solaire.
D'un pas décidé,
j'arpente donc les rayons du magasin, et ne prend que des
indispensables : le vernis Chanel rouge pourpre, qui irait à ravir à
ma petite cousine gothique, qu'elle pourrait me prêter de temps en
temps (avec un tailleur noir ça fait classe). Une montre Swacth
water proof, au tour de poignet violet, orné de fleurs dorées,
idéale pour la plongée sous-marine,. Et une paire de lunette
solaire, car oui....à mon grand dam, j'avais laissé les miennes
dans la boîte à gant de ma voiture.
En parlant de
voiture...Il n'est pas réellement judicieux de laisser Célébrindal
(le nom elfique de ma clio) une semaine sur le parking de l'aéroport.
Je rallume mon téléphone et envoie à ma mère :
J'éteins de nouveau mon
téléphone. Je mets une boîte de chewing-gum péche-cassis dans mon
panier, et vais payer mon modeste tribu à la caissière du duty
free, quand une voix nasillarde résonne dans la salle d'attente :
Ladies, and
gentleman...Je passe mentalement sur la partie en anglais,
soudainement frappée par un mauvais présentiment. Mesdames et
Messieurs, le vol à destination de Maurice est reporté à demain
matin, en raison d'une alerte rouge...
Mon cerveau entend les
mots Cyclone, proche, côtes, remboursement, bus...Je paye, ravalant
l'arrière goût amer de mon envie d'évasion. Mes emplettes sous le
bras, je rallume mon téléphone.